L'huile de palme est devenue un sujet brûlant ces dernières années, suscitant des débats houleux entre le grand public, les professionnels de santé, les défenseurs de l'environnement et l'industrie agroalimentaire. Cet article vise à clarifier les enjeux et les faits concernant cette huile omniprésente dans les rayons de nos supermarchés.
QU'EST CE QUE C'EST ?
L'huile de palme est issue du fruit du palmier à huile, également connu sous le nom d'éléis de Guinée, un arbre tropical pouvant atteindre 20 à 30 mètres de hauteur. La pulpe du fruit, de couleur jaune/orangé, représente environ 20 à 26% de son poids total. Cette huile est largement utilisée dans divers domaines, de l'alimentation aux produits cosmétiques et aux agrocarburants.
L'huile de palme est la graisse végétale la plus populaire au monde, représentant près de 30% de la consommation totale d'huiles et de graisses végétales. Cela s'explique par sa rentabilité : chaque palmier à huile produit environ 40 kilogrammes d'huile par an sur une durée de vie moyenne de 30 ans. De plus, elle offre un rendement bien supérieur à celui d'autres huiles végétales, comme le soja ou le colza, avec 4 à 6 tonnes par hectare chaque année.
AXE NUTRITIONNEL
En France, la consommation d'huile de palme atteint environ 2 kilogrammes par personne et par an. Cette huile est présente dans de nombreux produits alimentaires, notamment dans 60% des biscuits au chocolat et 90% des pâtes à tartiner. Sa forte teneur naturelle en acides gras saturés la rend prisée par l'industrie agroalimentaire pour sa stabilité, sa résistance à la chaleur et à l'oxydation, et la texture qu'elle procure. De plus, son coût d'achat est bas.
L'huile de palme est composée à 50% d'acides gras saturés, contre 15% pour l'huile de tournesol, par exemple. Ces acides gras saturés ont été associés (lorsqu'ils sont consommés à trop haute dose) à une augmentation du taux de LDL cholestérol, ce qui peut entraîner la formation de plaques de graisses dans les artères et favoriser la survenue de maladies cardiovasculaires.
L’acide palmitique, étant un acide gras saturé présent naturellement dans l'huile de palme, est alors diabolisé depuis des années alors que cet acide palmitique est un acide gras saturé synthétiser par notre corps : en effet, le foie en est le lieu de fabrication et il nous est indispensable, puisqu’il joue un rôle structural dans la formation de nos membranes cellulaires, et en tant que sous-unité des lipides, il est l’un des apport énergétique dont nous avons besoins pour vivre.
Cependant, pour satisfaire le plus grand nombre de consommateur possible, l’industrie est partie dans une chasse au plus moelleux, plus onctueux, plus croustillant… afin d’améliorer toutes les recettes de la pâte à tartiner, aux viennoiseries ou encore des pizzas.
Ainsi, pour être utilisé par l’industrie agroalimentaire, l’huile de palme va être nettoyée, ce qu’on appelle plus communément dans la fabrication « raffinée ». Le problème des huiles raffinées, c’est que ce processus entraine la perte de nombreux micronutriments faisant la richesse de cette huile. En effet, l’huile de palme brute détient sa couleur rouge de la forte teneur en caroténoides, ainsi elle aide à lutter contre les carences en vitamine A. lle contient aussi un taux intéressant de vitamine E, présente en deux sous-unités : les tocophérols et les trocotriénols, et ces derniers, surtout le trocophérol, luttent contre la formation de cholestérol. Elle est aussi doté d’antioxydants tels que des acides phénoliques et des phytostérols, qui ont pour but de lutter contre les radicaux libres présent dans l’organisme et ainsi globalement de prévenir le vieillissement des cellules du vivant, mais aussi d’aider à la lutte contre les accidents vasculaires cérébraux (plus communément appelés AVC), de jouer un rôle de régulateur de la pression artérielle, de prévenir les maladies cardiovasculaires et donc luttent contre le cholestérol entre autre chose.
Ainsi, le problème avec le raffinage, c’est la perte des micronutriments présents initialement dans le produit brut.
Dans le produit brut, l'on retrouve un bon nombre d'acides gras saturés, mais également un nombre important d’acides gras insaturés, qui peuvent au contacte de l’air, amener à une « peroxydation », soit à un rancissement et ainsi déjouer la conservation des aliments la contenant. De plus, c'est un produit initialement liquide à température ambiante, ce qui n’est absolument pas intéressant en terme de texture pour l’industrie agroalimentaire, c’est pour cela qu’il a été crée un moyen de solidifier les huiles liquides : c’est le processus d’hydrogénation. Mais en quoi consiste cette hydrogénation ? Le but est de changer la balance de la nature des acides gras et donc de transformer des acides gras insaturés en acides gras saturés, afin d’obtenir une huile concrète (à appelé donc graisse, car solide au final à température ambiante).
Ces acides gras trans, ou transformés sont alors décriés car ils augmenteraient le taux de LDL cholestérol au détriment du HDL cholestérol, et ainsi, favoriseraient le risque de maladies cardiovasculaires, le surpoids et l’obésité aussi.
Ainsi l’huile de palme non transformé (hydrogénée et raffinée) n’est pas à diaboliser au final. Notre organisme, pour bien fonctionner, à besoin de toutes sortes d’acides gras, qu’ils soient insaturés ou saturés, et nous vous avons montré à quel point avec l’exemple de l’acide palmitique qui entre dans la composition des membranes. De plus les acides gras saturés à chaine longue entrent aussi dans la composition de la gaine de myéline. L’huile de palme brute, n’est pas du tout un danger, au contraire, elle est même utilisée en Afrique et particulièrement au Burkina Faso, dans le but de lutter contre de nombreuses carences vitaminiques, notamment pour ce qui concerne la vitamine A. Il est donc important de comprendre que toutes huiles, ou graisses végétales BRUTES, sont dangereuses si et seulement si elles sont consommés à l’excès et dépassent les repères nutritionnels pour la population mit en places par l’ANSES (Agence Nationale de sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’Education et du travail).
On dit que les acides gras à chaine longue, comme il en est question ici, sont athérogènes et donc qu’ils favorisent la formation de plaque d’athérome, thrombogènes car ils favorisent la formation de caillot sanguin, et hypercholesterolémiant c’est à dire qu’ils augmentent le taux de cholesterol dans le sang. Mais, même si ces mots font peur à voir et à entendre, il faut remettre les choses dans leurs contextes : l’alimentation est une question d’équilibre, et, si les consommations sont modérées, alors il n’y a pas de soucis, ou de conséquences quelconques sur l’organisme, hormis une bonne santé, contenant tout les constituant pour faire tourner et marcher cette machine complexe qu’est notre corps.
C'est ici tous les processus de transformations qu'elle subit pour être plus avantageuse pour l'industrie agroalimentaire qui la rend dangereuse. La méconnaissance des consommateurs concernant les ingrédients de leur produits alimentaires, notamment la graisse de palme, a été soulignée ces dernières années en raison de l'étiquetage vague des produits transformés. Cependant, avec l'émergence de la tendance du "bien manger pour être en bonne santé", de plus en plus de personnes se sont intéressées à la composition de leur alimentation. Suite à cette demande, une loi a été mise en place le 13 décembre 2014, obligeant les industries à indiquer la présence d'huile de palme dans la liste des ingrédients des denrées alimentaires. De plus, il est désormais obligatoire de spécifier si l'huile ou la graisse a été transformée.
AXE ENVIRONNEMENTAL
L'huile de palme est sujette à des préoccupations à la fois sur le plan nutritionnel et environnemental.
Sa production intensive a entraîné la déforestation de zones primaires non exploitées auparavant, principalement en Amérique du Sud, en Afrique Centrale et de l'Ouest, ainsi qu'en Asie du Sud-Est. En Indonésie et au Brésil, on recense au moins 10 000 kilomètres carrés d'hectares de déforestation, et en République Démocratique du Congo, entre 5 000 et 10 000 kilomètres carrés d'hectares de déforestation selon la banque nationale.
Cette déforestation a d'importantes conséquences environnementales. Les incendies de forêt provoqués dans ce but génèrent un niveau élevé de dioxyde de carbone (CO2), contribuant ainsi de manière significative au réchauffement climatique. En outre, la destruction des arbres entraîne l'arrêt de la photosynthèse, un processus essentiel pour équilibrer l'écosystème.
L'utilisation d'eau souterraine pour l'irrigation des plantations de palmiers à huile épuise les ressources naturelles en eau. L'emploi massif d'engrais azotés épuise les sols et les contamine. Des sols moins fertiles signifient une production alimentaire réduite, affectant les populations autochtones.
Outre les questions environnementales, la culture de l'huile de palme met en péril la biodiversité locale. Des espèces telles que les tigres, les rhinocéros, les éléphants et les orangs-outans sont menacées. Par ailleurs, 45 millions de personnes vivent dans ces forêts primaires en danger, et 40% de la population indonésienne dépend de ces forêts pour leur alimentation.
Les droits de l’Homme qui sont trop souvent exploités par les grandes entreprises sur les cultures de palmiers à huile, car ils sont payés une misère (environs 2-3 euros par jour) et n’ont souvent pas de pauses déjeuners…
Des réponses à ces maux ont tentées d'être apportés pour adoucir les consommateurs : l'huile peut être certifiée CSPO (Certified Sustainable Palm Oil) si elle répond à certaines normes et critères définis par la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil), une organisation à but non lucratif qui promeut la production et l'utilisation durable de l'huile de palme. Il est important de noter que bien que la certification CSPO vise à promouvoir la production durable de l'huile de palme, il existe des critiques quant à son efficacité et à la rigueur de ses normes. Certains estiment que la RSPO n'est pas assez stricte dans ses exigences et que certaines plantations certifiées peuvent encore causer des dommages environnementaux et sociaux.
CONCLUSION
Il est important de comprendre le réel problème. Il est bon de noter que l'huile de palme brute et non transformée est utilisée en Afrique pour lutter contre certaines carences nutritionnelles, en particulier en vitamine A. Malheureusement, lors de la transformation, le processus de raffinage entraîne une perte significative de vitamines, tandis que l'hydrogénation modifie radicalement et néfastement le profil en acides gras.
Il est essentiel de rester vigilant, car certaines entreprises choisissent d'hydrogéner l'huile de palme pour en maximiser les avantages (qui se résument majoritairement à la texture et la durée de conservation). Vous pouvez cependant faire attention en consultant attentivement les étiquettes de vos produits en supermarché, car la mention « partiellement ou totalement hydrogénée » est obligatoire en cas d'hydrogénation. Le meilleur conseil restant tout de même de limiter la consommation de produits transformés au maximum, et de privilégier une alimentation riche en produits bruts, cuisinés maison. Finalement, le choix d'acheter des produits à base d'huile de palme dépendra de vos valeurs personnelles et de vos préoccupations environnementales.
En fin de compte, tout se résume à l'information, à la modération et à des choix éclairés.